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Caricatures

Le dessin d’audience peut revêtir un aspect documentaire ou bien choisir la voie de la caricature.
Si le nom de Daumier vient instantanément à l’esprit, il ne doit pas occulter pour autant les artistes de son temps qui ont eux aussi tourné en dérision la justice de Louis-Philippe, en dénonçant notamment la dépendance des magistrats vis-à-vis du pouvoir.
À la Belle Époque, une autre génération d’artistes à l’esprit satirique, publiés dans des périodiques comme « L’Assiette au beurre », dénonce à travers les scènes d’audience une justice répressive.

Image n°1 : Procès de la Liberté.


Jean Ignace Isidore Gérard dit J.J. Grandville et Eugène-Hippolyte Forest. . octobre 1832. Lithographie, 24x36,5cm.
Cette œuvre a été diffusée par « La Caricature », périodique satirique d’inspiration libérale et républicaine paru de 1830 à 1835. Dans ses attaques contre la Monarchie de juillet, les magistrats occupent une place de choix. Les artistes ont représenté la Liberté, à droite, dans le box des accusés. Elle est jugée par des hommes aux ordres de Louis-Philippe, président du jury, ici à gauche, qui déclare l’accusée coupable..

© Ordre des avocats de Paris


Image n°2 : Une audience du « Théâtre des Folies-Politiques ».


Jean Ignace Isidore Gérard dit J.J. Grandville et Julien. La Caricature. 21 mars 1833. Lithographie, 23,5x29cm.
« Messieurs, l’auteur de la pièce que nous avons eu l’honneur de jouer devant vous désire garder l’anonymat ». Ainsi s’adressent les magistrats au public. Au centre, de dos, figure Louis-Philippe à la place du souffleur. La « pièce » est une allusion à un procès d’assises qui vient de s’achever. Bergeron et Benoit, poursuivis par les magistrats pour tentative d’attentat contre le roi, ont été cependant acquittés par une décision du jury populaire, à la grande joie de l’opposition..

© Ordre des avocats de Paris


Image n°3 : Magistrats !.


Adolphe Willette. L’Assiette au beurre. 8 août 1903. 31x24, 5cm.
La caricature d’une audience peut dénoncer l’institution judiciaire sans viser une affaire précise. Willette s’en prend ici aux magistrats. L’humble jeune fille qui témoigne fait presque figure d’accusée, tant elle paraît écrasée par les trois juges qui la toisent sans aménité et l’apostrophent dans leur langage : « Fille… une telle… ».

© Ordre des avocats de Paris


Image n°4 : L’avocat général.


Fabien Vieillard, dit Launay. L’Assiette au beurre. samedi 29 août 1903. 31x24,5cm.
Le représentant du ministère public, qui requiert mais ne juge pas, est une cible traditionnelle des caricaturistes. Ils voient en lui l’incarnation d’une justice exclusivement punitive, voire synonyme de mort. Le dessin rouge et noir de Launay fait quasiment du magistrat une créature maléfique. La légende, rédigée par Gaston de Pawlowski, tourne en dérision le jargon judiciaire..

© Ordre des avocats de Paris


Image n°5 : Evanouissement à l’audience.


Jean-Louis Forain. 1910. Eau-forte, 25x32cm.
Forain est bien connu comme caricaturiste, notamment lors de l’affaire Dreyfus, où il s’est fourvoyé dans le camp antidreyfusard avec une rare violence. Il est également l’auteur de scènes judiciaires sans caractère polémique, qui témoignent au contraire d’un regard compatissant pour le faible. Il s’agit moins ici d’une caricature que d’une création artistique originale..

© Ordre des avocats de Paris