Portraits de dessinateurs

Noëlle Herrenschmidt

En 1987, après seize ans d’illustration pour la presse jeune, je découvre le monde judiciaire.
Première plongée dans l’histoire : mai 1987, le procès Barbie, à Lyon pour le journal La Croix.
Deux mois de témoignages bouleversants, fixés à la plume et à l’encre de Chine.
J’y fais une rencontre décisive, Pierre Truche, avocat général pour ce premier procès du crime contre l’Humanité. Il m’aide à décoder le rituel judiciaire.
Suivront les procès Touvier, puis, pour le journal Le Monde, le procès Papon. Six mois à Bordeaux, le procès le plus long de l’histoire judiciaire en France.
Ces mois d’audience me permettent de mettre en pratique mon métier de reporter- aquarelliste : raconter par le dessin à la fois l’audience et les coulisses du procès, montrer ceux qui y participent, dans l’ombre, couvrir les différents lieux, jusqu’à la table de délibération, après le verdict.
Récemment, le procès Clearstream, suivi pour le journal Le Monde, a été pour moi, grâce au nouveau site Web et au blog de la journaliste Pascale Robert-Diard, une confirmation : un procès, c’est une pièce de théâtre, avec son décor, ses acteurs, tous dans un rôle bien défini, costume compris. La forme est classique : unité de lieu, unité d’action.
On en connaît la trame, mais ni les rebondissements, ni la chute. Le suspens est total jusqu’au dernier acte. Le prévenu y joue au mieux sa réputation, son image, son intégrité, au pire, sa liberté.
Notre métier de dessinateur d’audience, c’est de montrer, minute par minute, en écho et en complément au texte de la chroniqueuse judiciaire, toute la palette des sentiments qui font de ce lieu clos, un concentré d’humanité imprévisible et fascinant.

Ecoutez Noëlle Herrenschmidt, dessinatrice - 01:37 [MP3 - 1.1 Méga octets]